La bouche, et ses différents composants, constitue non seulement la porte d'entrée par laquelle on nourrit l’organisme, mais se place aussi au centre de la santé générale avec de fortes influences sur tout le corps : poumons, cœur et système vasculaire, articulations, système endocrinien, immunitaire, nerveux, chaîne gastro-intestinale, reins, peau, yeux, …
Le déséquilibre de l'un va évidemment affecter les autres et ces influences sont bilatérales. En effet, certaines pathologies générales vont avoir des conséquences sur la cavité buccale. L’état général peut se dégrader si une alimentation variée et de qualité n’est pas au rendez-vous, parce qu’il manque des dents, que d’autres sont douloureuses ou bougent, etc.
Petit tour des éléments perturbateurs pour la santé bucco-dentaire :
Cette liste n’est pas exhaustive.
15% des français sont diabétiques, parmi lesquels un quart l'ignore.
Or le sucre présent en excès dans le sang des diabétiques va endommager tous les vaisseaux et perturber la bonne circulation dans tout le corps, avec des atteintes cardio-vasculaires (infarctus, AVC, hypertension), rénales, oculaires (première cause de cécité en France avant 65 ans), des troubles de la sensibilité, et bien évidemment des gingivites, parodontites (50% des diabétiques), ainsi que des caries car la salive est trop sucrée.
Un mauvais état dentaire entretient le problème car une rage de dents va provoquer des pics de sécrétion d'adrénaline, hormone hyperglycémiante, à l'inverse de l'effet recherché.
L’intrusion de bactéries buccales dans la circulation sanguine générale, par une dent profondément cariée, une gencive qui saigne au moindre contact, une parodontite avancée, va générer une inflammation chronique sur la paroi des artères ou des veines, des valves cardiaques en mauvais état, dont elles vont encore plus altérer le fonctionnement. Les actes du dentiste (anesthésie, détartrage, dévitalisation, extraction,...) seront donc influencés selon que le patient présente un simple souffle, une malformation cardiaque bénigne, un triple pontage, un pace-maker ou encore des valves artificielles (le plus gros risque).
Le risque carieux et son cortège de conséquences est à son maximum dans un contexte de reflux gastro-intestinal (RGO). On le rencontre chez ceux dont le sphincter du cardia est dysfonctionnel laissant remonter de l’acide gastrique vers la bouche : les personnes obèses, ceux qui ont subi une chirurgie de l'estomac, les anorexiques-boulimiques qui se font vomir, ceux qui mangent trop le soir.
Les porteurs de prothèses ostéo-articulaires doivent effectuer une surveillance de leur bouche car les prothèses (hanche, genou, …) sont susceptibles de subir une greffe bactérienne par dissémination dans la circulation sanguine.
Le risque de développer un cancer de l’œsophage, du poumon, de la vésicule biliaire, … augmente de 14% chez celles qui présentent une maladie parodontale.
Une femme enceinte et porteuse d’une parodontopathie a trois fois plus de risques d’accoucher prématurément, d’un nouveau-né de faible poids.
Une bactérie que l'on retrouve dans les poches parodontales, pourrait avoir aussi sa part de responsabilité dans la maladie d'Alzheimer sans que l'on sache vraiment comment. Elle est présente dans le cerveau des patients affectés par cette démence sénile alors que les personnes saines en sont indemnes.
Une mastication asymétrique ou un mauvais alignement des dents peut provoquer des migraines, acouphènes, douleurs vertébrales, articulaires.
Les insuffisances hépatiques et rénales influencent les soins, qui seront conditionnés par le risque hémorragique quand le foie est affaibli, la compétence des reins à éliminer médicaments et produits chimiques.
L'immunodéficience, c'est-à-dire la faible compétence du système immunitaire à gérer des infections, se retrouve lors de traitements de chimiothérapies, de traitements anti-rejets après un greffe, ou lors d'attaques virales comme celle du VIH ou plus récemment le coronavirus SARS-Cov2,… La notion de risque pour l’organisme va influencer les choix thérapeutiques dentaires et gingivaux.
Les inter-relations santé buccale et santé générale sont donc nombreuses, intimes et de première importance. Le moindre doute sur une dent douloureuse ou mobile, une zone de gencive gonflée, un saignement, de la fièvre, doivent conduire à une consultation chez son dentiste. Les règles classiques d’hygiène et d’alimentation, mais renforcées, sont évidentes, comme l’établissement d’un réel dialogue patient-médecin-dentiste. Une dent, comme le reste, est un organe vivant.
Une bouche saine dans un corps sain et un corps sain pour une bouche saine !